Femmes et sciences

Militantisme et histoire du féminisme

Commençons par un petit test ! Peux-tu citer le nom de trois personnalités scientifiques ? Que tu sois passionné de sciences ou non, il n’y a aucun doute sur le fait que tu y sois parvenu. Mais combien d’entre vous ont prononcé le nom d’une femme ? Et si nous avions modifié notre petit test en te demandant le nom de trois scientifiques de genre féminin, aurais-tu été capable de répondre ? Si c’est le cas, nous t’en félicitons ! Si au contraire tu n’avais pas su répondre sache que tu n’es pas le ou la seul(e), bien au contraire ! Mais alors pourquoi connaissons-nous si peu de femmes scientifiques?


Une première explication est tout simplement une question de proportion. En effet, les femmes sont encore bien moins nombreuses que les hommes dans le monde scientifique. Cette inégalité de genre se révèle très tôt. Les femmes représentent aujourd’hui environ 40% des étudiant.e.s en filière scientifique en France. Ce chiffre peut ne pas paraître si alarmant. Cependant, il n’est absolument pas représentatif des réelles inégalités de parité en genre entre les différentes filières. Si nous ne considérons que les filières scientifiques, les femmes s’orientent en grande majorité vers les métiers de soin alors que les hommes se dirigent principalement vers la rationalité et donc des matières telles que la physique ou l’informatique. Ainsi les femmes sont majoritaires en biologie ou elles représentent plus de 60% des étudiants alors qu’elles ne sont que 27% dans les formations d’ingénieurs et même moins de 10% en informatique.

Mais nous ne pouvons nous contenter d’accepter ce décalage comme une fatalité. La vraie question à se poser est plutôt “Pour quelles raisons les femmes ne se tournent-elles pas autant que les hommes vers les métiers scientifiques ?”. Ce décalage est-il dû à une inégalité de compétences ou de facilité d’apprentissage en science ? Non ! Des études réalisées dans différents pays ont montré qu’il n’y a pas d’écart significatif de réussite dans les matières scientifiques entre les filles et les garçons. Pourtant à partir du lycée les filles se tournent moins facilement vers les enseignements scientifiques et ce décalage se creuse davantage une fois dans le supérieur. Une explication bien plus fondée est basée sur la persistance des stéréotypes de genre dans notre société.

L’image et la considération de la femme ont énormément évolué. Pour autant, certains stéréotypes, notamment sur le rôle des femmes et des hommes en société,  persistent.  Une enquête, conduite sur les sites internet des dix plus grands magasins de jouets du Royaume-Uni et sur les principaux moteurs de recherche (Google, Bing), nous apprend que les jeux axés sur la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques sont trois fois plus susceptibles d’être mis en marché de manière à cibler les garçons. Est-il normal qu’il y ait des pages consacrés aux filles et d’autres aux garçons dans les catalogues de jouets ?

Stevenin-Morguet, porte-parole d’Osez le féminisme met en avant le fait que  «Dans la section rose des catalogues, on  invite les petites filles à jouer trois types de rôles : la ménagère, la mère et la jolie. Les garçons, eux, se voient réservés la plupart des jeux cultivant l’imagination.». Les publicités alimentent elles aussi cette idée de jouets genrés. Les jeux de dînette ou de ménage par exemple sont majoritairement mis en scène par des filles alors que les garçons héritent plutôt des jeux d’aventure et d’exploration.  Malheureusement, ces images nous formatent dès notre plus jeune âge à un soit disant rôle qui nous est réservé dans la société en fonction de notre genre.

Le fait que l’on connaisse si peu de femmes scientifiques semble donc s’expliquer par leur faible nombre. Cependant, “moins de femmes” ne signifie pas “aucune femme” ! Alors pourquoi ne les connaissons-nous pas ? 

Bien que ce phénomène soit aujourd’hui moins présent, beaucoup de travaux réalisés par des femmes ont tout simplement été volés par des hommes qui s’en sont injustement attribué le mérite. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces actes sont loin de n’être que quelques cas isolés. Nous ne changerons malheureusement pas le cours de l’histoire, mais, par respect, nous nous devons de dénoncer et lutter face à ces injustices. Alors allons-y, redonnons à quelques une de ces femmes restées dans l’ombre la reconnaissance qui leur revient ! 


Entre la réelle sous-représentation des femmes dans le monde scientifique en raison de la catégorisation genrée de la société et les nombreux travaux volés à leur auteur par des hommes, les femmes sont effectivement bien moins connues dans le domaine de la science. Seules 53 femmes ont été récompensées d’un prix Nobel contre 866 hommes. Ces chiffres sont encore plus interpellant quand nous savons que 31 d’entre elles ont reçu ce prix dans les domaines de la paix et de la littérature. Malheureusement, cette sous-représentation des femmes est encore bien d’actualité avec 1 femme récompensée en 2019 contre 13 hommes.

Plusieurs organisations tentent aujourd’hui d’attirer davantage les femmes vers les domaines scientifiques. Fondée en 2000, l’association Femmes & Sciences regroupe plus de 350 personnes, pour la plupart scientifiques. L’association déploie des actions sur tout le territoire français dans le but de:

  • promouvoir les femmes scientifiques
  • inciter les jeunes, et particulièrement les filles, à s’engager dans des carrières scientifiques
  • constituer un réseau d’entraide.

Elle s’adresse notamment au monde éducatif pour tenter de sensibiliser les plus jeunes. L’association a notamment rencontré 5000 collégiens, 3200 lycéens et 900 étudiants du supérieur.  Elle participe également à des événements majeurs tels que la fête de la science et s’étend de plus en plus avec 11 actions internationales en 2019. 

En bref, si tu es intéressé.e par la science, n’hésite plus. 

Le progrès n’a pas de genre!