Cinéma
On ne peut pas parler du militantisme au cinéma sans évoquer le fameux test de Bechdel. La dessinatrice Alison Bechdel le met au point en 1985 dans sa bd “L’Essentiel des gouines à suivre.” Il repose sur 3 critères :
- Il doit y avoir au moins deux femmes ayant un nom et un prénom
- Elles doivent parler ensemble
- Leur conversation doit être sans rapport avec un homme
Une étude du site Polygraph montre que sur 4000 films écrits entre 1995 et 2005, 53% échouent au test quand ils ont été écrit par un homme contre 38% quand écrit par une femme. La visibilité des femmes au grand écran est loin d’être acquise. À titre d’exemple, The Washington Post a testé en 2014 les films en lice pour l’Oscar du meilleur film de la 86e cérémonie des Oscars. Seulement trois films passent le test : Dallas Buyers Club, Nebraska et Philomena. Les autres films, dont Le Loup de Wall Street, Capitaine Phillips ou Gravity échouent. Ce test n’a pas vocation de déterminer si un film est féministe ou pas, il est un simple indicateur du sexisme des films qui ne mettraient en avant qu’un nombre restreint de personnages féminins. Ce test passe sous silence les questions de diversité, le rôle des personnages féminins dans l’histoire ou encore la façon de les montrer.
70% des Français vont au cinéma et plus de 200 millions d’entrées sont vendus par an. Le cinéma a donc des enjeux énormes. C’est pourquoi la cérémonie des césars du 18 février 2020 a fait autant de bruits. C’est le choc entre 2 mondes. D’un coté, on avait le réalisateur de “J’accuse”, 12 fois accusé de viol dont 10 fois sur mineur, de l’autre, Celine Sciamma, réalisatrice lesbienne du film “Le portrait de la jeune fille en feu”, dont l’actrice principale est Adele Haenel, porte-parole des femmes et enfants victimes de viol. Finalement, une fois de plus, le violeur est récompensé.
Invisibilisation des femmes, couronnement des violeurs mais c’est pas tout ! Seulement 18% des long métrages subventionnés par le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) sont réalisés par des femmes.
Histoire de changer un peu de point de vue, voici une liste de films féministes incontournables avec des acteur.trices badass :
Séries
De plus en plus de séries optent pour un point de vue plus inclusif. Voici le résumé de 2 de mes séries préférées parmi tant d’autres.
Euphoria
A travers un univers glamour et pailleté, Euphoria nous dévoile la difficulté de vivre avec une addiction. A côté de cette intrigue principale, on retrouve différents portraits de personnages et en majorité de femmes qui permettent de décrire l’éventail de la sexualité et du genre le tout bercé par une bande son épatante.
Euphoria décrit la sexualité comme un spectre refusant de mettre une étiquette sur toute relation liant les personnages. L’identité de Jules, qui est transsexuelle, est aussi évoquée avec détachement évitant tout cliché de série faussement réformiste.
La sexualité et le corps ne sont alors plus un tabou. Non seulement le corps masculin est autant sexualisé que le féminin mais aussi la série met en avant la body positive attitude grâce à Kat. Elle apprend à s’aimer et s’affirmer tel qu’elle est tout au long des épisodes.
Un autre sujet important mis en avant par Euphoria est la masculinité toxique. La question du consentement et des violences conjugales est abordée sans détour à travers la relation de Nate et Maddy deux personnages explosifs. On y voit aussi l’influence des films pornographiques sur la sexualité qui semblent banaliser la brutalité et encourager la domination masculine.
I may destroy you, une série qui questionne sur le consentement
« Avant d’être violée, je ne faisais pas grand cas d’être une femme, j’étais trop occupée à être noire et pauvre. »
Une jeune écrivaine, Arabella, se fait droguer lors d’une soirée puis violée par un homme dont on ne connaît pas l’identité. Tout au long de cette mini-série, on suit non seulement l’évolution de cette recherche du coupable mais également l’évolution du traumatisme d’Arabella. Bien au-delà de cet acte abominable, la série cherche à faire réfléchir sur ce qu’est le consentement.
Différents problèmes présents dans notre société sont rapidement décelés. Premièrement, la définition d’un violeur est rappelée : oui enlever un préservatif pendant un acte sexuel sans le consentement de l’autre personne est un viol et oui un consentement pour un acte sexuel n’est pas généralisable à tous rapports sexuels. Le blâme de la survivante est ensuite dénoncé. En effet, un ami d’Arabella l’accuse de ne pas avoir fait attention à son verre. En la condamnant, il excuse non seulement l’action du violeur mais il banalise l’acte. Il trouve une justification qui n’a pas lieu d’être pour expliquer l’action du violeur et la justifier.
Finalement, la série s’attaque à un problème majeur qui est le manque de condamnation des violeurs et harceleurs sexuels. Les agents de police ne montrent aucune compassion vis à vis des victimes et les cas pris en charge ne semblent que très rarement aboutir à une condamnation.
D’autres séries plus ou moins impliquées dans le combat féministe : Mrs.America, Pose, Sense8, Girls, The handmaid’s Tale, Sex education, Orphan Black, Brooklyn nine nine, …
Documentaires
Pop féminisme : Des militantes aux icônes pop
Ce documentaire de Arte raconte comment le féminisme s’est imposé dans la pop culture. Depuis les années 90, Madonna, les spice girls ou encore Britney Spears ont pris le relai de Simone Veil, du mouvement de la libération des femmes (MLF) et de Simon De Beauvoir. Ce nouveau féministe, plus jeune, plus frais popularise le mouvement. C’est en parti grâce à Beyoncé, elle affiche fièrement en 2014 le mot “FEMINIST” derrière elle à un concert. Elle transforme le cliché des féministes jusque là vu comme des femmes hideuses en colère en les rendant glamours et à la mode.
Ce documentaire soulève des questions importantes. Est-ce que les femmes féministes ont pour but de devenir un homme comme les autres ? Est-ce que la pop culture utilise le féminisme pour se faire de l’argent ? Si oui, est-ce que c’est si grave parce que en même temps il y a une popularisation du mouvement ? Est-ce que la pleine possession de son propre corps nous autorise le vendre (prostitution) ? Ou encore pourquoi le torse d’une femme est plus indécent que celui d’un homme ?